Vous laissez en réalité plus que 15% de pourboire sur une machine même si vous appuyez sur 15%

Alors que de nombreux Québécois estiment que la culture du pourboire est devenue hors de contrôle, une théorie avance que les pourboires donnés par carte profiteraient aux fabricants de terminaux de paiement, rapporte Le Soleil.

C'est en tout cas ce que laisse sous-entendre Dominique Tremblay, directrice des affaires publiques et gouvernementales à l’Association Restauration Québec (ARQ).

Cette dernière estime que les pourboires donnés par carte font augmenter les frais de transaction puisque pour chaque dollar payé via un terminal de paiement, le propriétaire de l'établissement se retrouve dans l'obligation de donner un « taux d’interchange » (qui se situe entre 1,25 % et 3,5 %) au fournisseur. 

« Le restaurateur se retrouve donc à assumer des frais sur des montants qui ne lui appartiennent pas, car les pourboires doivent être remis en entièreté aux employés qui ont fait le service », analyse Dominique Tremblay.

Même son de cloche du côté de Sandrine Prom Tep, professeure au département de marketing de l’UQAM. 

« Si le modèle d’affaires des fournisseurs de solution est d’être payé en pourcentage de la transaction, ils ont intérêt à ce que le montant soit plus élevé. On pourrait donc croire qu’ils ont tendance à favoriser des options de pourboire plus élevées », explique-t-elle.

Le Soleil a contacté Moneris, qui fabrique des terminaux de paiement, et son message a le mérite d'être clair.

« Cette fonctionnalité dépend entièrement des entreprises. Les pourboires ne sont pas activés par défaut, donc ils ne sont pas demandés automatiquement. Une entreprise doit activer cette fonctionnalité lors de la configuration initiale de l’appareil, ou celle-ci peut être activée dans les paramètres ultérieurement », assure Darren Leroux, directeur des communications de l'entreprise.

Pour la directrice de l'ARQ, ce qui peut être aussi frustrant c'est que le pourboire payé par carte s'applique sur le montant de la facture après les taxes. Autrement dit, vous laissez en réalité plus que 15% de pourboire sur une machine même si vous appuyez sur 15%.

« C’est sûr que c’est un peu tannant, mais ce n’est pas quelque chose qui est caché. Ça fait des années que c’est comme ça. C’est de la programmation de terminaux et ce n’est pas le restaurateur qui a l’option que ce soit calculé de cette façon-là », indique Dominique Tremblay.

Pour que ça soit plus juste de tous les côtés, cette dernière recommande aux Québécois de laisser un peu moins de 15 % de pourboire au moment de payer l'addition.