Faut-il laisser un pourboire à l'achat d'un café ou d'une viennoiserie ?
Une question qui déchaîne les passions!
Le pourboire subit aussi les effets de l'inflation, ce qui a mené à l'apparition de nouveaux taux sur de nombreux terminaux de paiement sans contact, rapporte Radio-Canada.
Comme l'a fait remarquer Nicolas Delourmel, le copropriétaire de Mamie Clafoutis, une chaîne de boulangeries-pâtisseries de Montréal, c'est à la demande de plusieurs employés que l'entreprise a fini par se décider à mettre en place un système permettant aux clients de donner du pourboire.
Le pâtissier de formation a rappelé qu'à l'origine, il était pour sa part plutôt réticent à l'idée d'inciter sa clientèle à remettre du pourboire: «On s'est retrouvé un petit peu dos au mur, en nous disant : "Si vous nous mettez pas de tip, on ne vient pas travailler pour vous".»
L'entrepreneur ne cache pas que les pourboires permettent aussi de bonifier les salaires des employés. «C'est à peu près 5 $ ou 6 $ de l'heure et ils peuvent monter jusqu'à 12 $. Si on me dit : "Vous avez juste à augmenter [les salaires] de 6 $ de l'heure", on n'en serait pas capable.»
François Pageau, professeur en gestion de la restauration à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), a expliqué à Radio-Canada que selon la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, le pourboire est d’abord destiné aux employés qui sont payés au salaire au pourboire: «Il n'y a pas de loi qui oblige qui que ce soit à laisser du pourboire. [...] Les seules personnes qui ont le droit d'être payées au salaire minimum avec pourboire sont les serveurs et les livreurs, c'est-à-dire ceux qui vont donner une prestation de service directement aux clients.»
M. Pageau a dit craindre les employés les effets néfastes de l’extension du pourboire dans des commerces autres que ceux de la restauration: «On est en train d'instituer une manière de faire qui risque de devenir une nouvelle convention et qui va nuire éventuellement à l'industrie.»
Richard Scofield, le président du Groupe St-Hubert, a confirmé que le pourboire a été mis en place sur les terminaux de paiement des 300 rôtisseries St-Hubert du Québec qui offrent à la fois le service aux tables et les commandes à livrer et à emporter: «On veut garder nos employés. Puis je pense que chez les clients, il y a un désir de laisser un peu de reconnaissance à l'employé.»
Selon M. Scofield, des changements pourraient apparaître dans le futur: «Est-ce que le modèle doit évoluer? Je pense que oui. Est-ce qu'on peut le faire seul? Il y a des restaurants qui vont essayer d'enlever la notion de pourboire, de l'inclure dans la facture, mais la clientèle n'est pas tout à fait là.»
Les entreprises qui gèrent les terminaux de paiement tirent aussi leur épingle du jeu comme l'a souligné M. Pageau: «Ces gens-là sont rémunérés au volume qui est transigé sur chacun des modules de paiement. Plus on laisse de pourboire, plus ils vont faire d'argent, parce qu'il y a une commission sur les montants qui sont transigés.»
Nicolas Delourmel, de Mamie Clafoutis, a rappelé qu'il est possible pour les commerçants de changer les pourboires recommandés sur les terminaux: «On peut mettre 15, 18, 20 %, mais nous, on voulait absolument l'option de ne pas donner de pourboire. La personne qui vient tous les jours chercher son pain ne va pas forcément donner tous les jours du tip.»
M. Scofield a indiqué que les clients sont libres de donner ce qu'ils souhaitent: «Tout le monde doit se rappeler que le pourboire est discrétionnaire. Ils ont le choix de dire non.»
Enfin, M. Pageau a conclu en rappelant qu'un pourboire équivalent à 15 % de l’addition avant les taxes est toujours apprécié et que dans l'éventualité où le service est très satisfaisant ou décevant, il ne reste plus qu'à ajuster le montant.