Le congé menstruel est-il une bonne idée ?
L'Espagne va légiférer sur la question.
Mon Fric
Alors que l'Espagne s'apprête à devenir le premier pays en Europe à créer un congé menstruel pour les femmes qui ont mal durant leurs règles, certaines critiques estiment que cette mesure pourrait conduire à de la discrimination, rapporte l'Agence France-Presse (AFP).
« La veille de mes règles, ou les deux premiers jours, il m’arrive d’avoir tellement mal que me lever du lit est une véritable torture », ajoute Angélique, qui n'a pas révélé son nom de famille, à l'AFP.
« Je pars parfois plus tôt (du bureau), quand je sens que je ne vais pas pouvoir supporter la douleur. En plus, mes règles sont super abondantes, je dois aller aux toilettes toutes les heures, sinon j’ai le jean taché », ajoute la jeune femme de 28 ans qui travaille dans le secteur social.
Elle est donc pour la nouvelle mesure afin de ne « pas perdre de salaire », se disant être plus fatiguée et moins productive à cause de ses règles « qui irradient parfois jusque dans (ses) jambes ou (son) dos ».
D'ailleurs, un sondage mené en mars 2021 par l’institut de sondage Ifop révèle que 68 % des femmes en France sont pour une telle mesure.
Toutefois, ce congé serait « une fausse bonne idée », selon l'association Osez le féminisme. « Cela peut soulager les personnes qui subissent des douleurs indisposantes, et +visibiliser+ l’endométriose, qui était jusqu’à récemment cachée », explique Fabienne El-Khoury, chercheuse en santé publique et porte-parole de l’association, en entrevue avec l'AFP.
« On ne fait pas l’effort nécessaire pour soigner les maladies sous-jacentes qui causent ces douleurs », ajoute-t-elle. Elle rappelle que l'endométriose est souvent détectée en retard, étant donné le « manque de moyens alloués à la recherche ».
Selon une avocate, le congé menstruel pourrait également discriminer les femmes à l'embauche. « Si on suivait le modèle espagnol, on leur offrirait 50 % de congés payés supplémentaires », explique à l'AFP l'avocate en droit du travail chez Bird&Bird Caroline Mouriquant. Ces congés pourraient, selon elle, générer des « tensions et une frustration en augmentant la charge de travail des collègues ».
Une mesure qu'elle trouve d'ailleurs « contre-productive ». « Une femme souffrant de règles douloureuses ou d’endométriose est généralement suivie, et peut donc déjà bénéficier d’un arrêt maladie, ce qui permet de protéger le secret médical », étant donné que la cause de son arrêt ne serait pas révélée, ajoute-t-elle.