Les États-Unis boudent les œufs canadiens malgré la pénurie

Face à une pénurie d'œufs sans précédent et une flambée des prix, les États-Unis se tournent vers l'Europe pour s'approvisionner. Pendant ce temps, le président Trump refuse de solliciter les producteurs canadiens.

En février, la production d'œufs aux États-Unis a chuté de près de 10 % par rapport à l'année précédente, avec 720 millions d'unités en moins. La raison? Une vague de grippe aviaire qui, depuis janvier 2024, a touché 70 millions de poules pondeuses à travers le pays. 

À l'approche des fêtes de Pâques, les consommateurs américains subissent la crise des œufs de plein fouet. Les prix atteignent des niveaux records et la frustration grandit face à des rayons souvent vides. L'importation d'œufs européens pourrait offrir une solution temporaire, mais elle comporte plusieurs défis. 

L'Europe en renfort ? 

L'USDA (Département de l'Agriculture des États-Unis) a sollicité plusieurs pays européens tels que l'Allemagne, l'Italie, la Suède et la Turquie. Cette démarche se heurte cependant à des obstacles logistiques et diplomatiques. En entrevue à CBC, Michael von Massow, professeur d'économie de l'agriculture et des ressources alimentaires à l'université de Guelph en Ontario, a expliqué que « les Européens ne sont pas non plus forcément satisfaits des Américains en ce moment ». 

La différence de réglementation en matière de sécurité alimentaire complique également les échanges. Contrairement aux États-Unis où les œufs doivent être désinfectés et réfrigérés, les œufs européens sont souvent vendus non lavés et conservés à température ambiante.

Pourquoi les États-Unis ne se tournent pas vers le Canada?

Malgré sa proximité géographique, le Canada ne fait pas partie des pays sollicités par les États-Unis. Et selon un porte-parole d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, aucune demande d'exportation n'a été reçue de la part des États-Unis.

Cette situation s'explique en partie par les tensions politiques. Donald Trump a affirmé à plusieurs reprises que les États-Unis n'avaient besoin de rien de la part du Canada.

Cependant, au-delà des rivalités diplomatiques, une autre réalité doit être prise en compte: la production canadienne d'œufs reste largement inférieure à celle de son voisin du Sud.

L'industrie canadienne a produit 856 millions de douzaines d'œufs en 2024, contre 9 milliards chez les Américains. Le Canada fonctionne par ailleurs sur un système de gestion de l'offre, ce qui limite sa capacité à augmenter rapidement sa production. 

Malgré les tensions actuelles, le professeur von Massow croit que si le Canada disposait de suffisamment d'œufs, il serait probablement prêt à en vendre aux États-Unis.